Coups de tracteur #13

Littérature

Dans ce premier roman, Salomé Kiner parle de l’adolescence, de ses fracas et de sa flamboyance. Elle aborde aussi un sujet lourd – la prostitution des mineur.e.s – et réussit la prouesse de le traiter sans tomber dans le sordide.

Avec sa plume alerte et acérée, Salomé Kiner dresse le portrait aigre-doux d’une adolescente de la fin des années 90 qui ne comprend rien et ne voit rien arriver.
L’héroïne est attachante et on suit, en tension, sa vie chaotique et son ton parfois cru et non dénué d’humour.

C’est vif, sensible, parfois drôle. C’est de la violence traversée de lumière. On y croit, on est emporté.

Une réussite.

“Grande couronne” de Salomé Kiner, éd. Christian Bourgois, 18,50€

Ce matin-là, Jacques Bonhomme n’est pas dans sa cuisine, pas sur son tracteur, pas auprès de ses vaches. Depuis la veille, le jeune homme est en cavale : il a quitté sa ferme et s’est enfui, pourchassé par les gendarmes comme un criminel. Que s’est-il passé ?
Par les voix de sa sœur, d’un voisin, on va suivre les épisodes qui ont conduit à cette situation. Inspiré de faits réels, on ne peut qu’être happé par la machine implacable, secoué par les aberrations d’un système dégradant notre rapport au vivant.

C’est toute la magie de Corinne Royer de rendre un texte à la fois poétique et vivant où le lecteur se trouve bouleversé par ce récit de vie poignant, absurde. Peut-être le roman le plus fort de Corinne Royer.

“Pleine terre” de Corinne Royer, Actes Sud, 21€

Un jour, la mère d’Anne Berest reçoit une carte postale anonyme avec quatre prénoms qui sont ceux de ses grands-parents et de sa tante et son oncle, morts à Auschwitz en 1942.
A partir de là, Anne va enquêter. Qui a pu envoyer cette carte ? Et surtout quelle a été la vie des membres de sa famille qu’elle n’a jamais connu ?

Une saga familiale où l’histoire croise l’Histoire qui est aussi une enquête haletante et surtout un très beau roman.

“La carte postale” d’Anne Berest, éd. Grasset, 24€

Littérature ados/adultes

Pour le groupe elle en est une.
Une belle.
Une vraie.
Une grosse.
Une sacrée.

Une vague d’insultes et de haine s’abat brutalement sur l’héroïne de cette histoire.

Ce très bon roman d’éducation sexuelle mène des réflexions passionnantes sur le slut shaming (le fait de stigmatiser les femmes en raison de leur comportement sexuel). Un récit court dont on ne décroche pas, qui dit l’importance de l’écoute de soi et de l’autre dans les relations intimes et qui donne envie d’être soi.

“Queen kong” d’Hélène Vignal, éd. Thierry Magnier, 12,90€

Polar

Dans un poste de police australien, Gabriel se présente car il s’est soustrait à un tueur en série pour lequel il aurait dû être la 55e victime. Quelques heures plus tard, Heath vient chercher protection car il vient d’échapper aux griffes d’un fou : un certain Gabriel.
Qui dit la vérité ? Comment débuter l’enquête ?

Premier roman de cet auteur irlandais, voici un bon polar au scénario original et qui tient la route jusqu’au bout.

“Victime 55” de James Delargy, éd. Harper Collins, 8,50€

Livre-objet

Un leporello qui forme une boucle infinie : celle des langues qu’il nous reste à apprendre. Un récit et des illustrations tout en sensibilité qui forment un langage magnifique.

“Je connais peu de mots” d’Elisa Sartori, éd. Cotcotcot, 15,50€

Essai

En mêlant récit personnel, essai scientifique et témoignages au sujet de personnes autistes dites invisibles, ce livre change complètement notre regard sur ce qu’est la « normalité ». Une réflexion essentielle et une approche intersectionnelle passionnante accessibles, notamment grâce à un humour bien dosé.

Dans ta bulle, Julie Dachez, éd. Marabout, 6,90€

BD

« C’est alors que j’ai réalisé que j’étais non seulement morte, mais assassinée ».
Emma Doucet, vieille dame au caractère bien trempé, se relève d’une chute en se sentant étrange. Pourtant, rien n’a changé, excepté un trou dans sa poitrine… Qui a bien pu vouloir sa mort ? Et pourquoi n’est-elle pas (vraiment) morte ?

La vieille femme va décider d’enquêter…

Comédie grinçante et savoureuse, on ne peut que suivre avec enthousiasme les aventures de ces vieux qui aspirent à une mort joyeuse. C’est léger et profond et ça se dévore.

Ma vie posthume – intégrale, d’Hubert et Zanzim, éd. Glénat, 20€

Albums jeunesse

Un bijou graphique et narratif exceptionnel, qui ravira les petits et grands lecteurs comme les non-lecteurs grâce à la richesse de ses pages. L’auteur nous glisse dans la peau d’un héros casqué en colonie de vacances au Camp d’été de la Vallée du secret. Il se lance alors à la recherche du Maître du secret (c’est simple : il a une grande barbe, une canne, un artichaut et un chapeau rigolo) et tente de connaître le fameux secret.
Un album complètement farfelu aux couleurs explosives !

Le Secret très secret du maître du secret” de Vincent Pianina, Thierry Magnier, 18€

Un adorable livre pop-up (livre animé) aux mécanismes originaux. La sobriété des trois couleurs (blanc, noir, turquoise) ajoute à la beauté de ce petit livre-objet qui fera étinceler les pupilles des petits et grands.

“Chat blanc” de Mathilde Arnaud, éd. Les Grandes Personnes, 15€

Et hop, un petit livre maniable pour les petits mains, pour apprendre à compter et à reconnaître les chiffres.

De façon ingénieuse, sur chaque page, différents modes de lecture sont proposés : compter sur ses doigts, compter les points d’un domino, repérer une suite, lire les chiffres arabes ou écrits.

C’est joyeux et graphique en plus d’être intelligent.

“Les toutouchiffres” de Caroline Dall’Avia, éd. L’Agrume, 13,90€.