Santé au travail et luttes de classes

A l’heure où la retraite s’éloigne à l’horizon, la santé au travail est une donnée fondamentale. A ce titre, nous avons le grand plaisir d’accueillir Philippe Saunier pour la présentation de “Santé au travail et luttes de classes” édité aux éditions Syllepse.
La rencontre aura lieu à la librairie !

Le livre

Le contrôle de la santé et de la sécurité des conditions de travail est un enjeu depuis le 19e siècle. Des règles avaient progressé, inséparables du développement de l’implantation de délégué·es du personnel chargé·es de suivre cette question dans les entreprises. La loi de 2016 y porte un coup très grave. Ce livre restitue des savoirs collectifs, pour que cette lutte se poursuive.
Le livre nous offre un tableau des principaux risques : souffrances psychiques, troubles musculosquelettiques (TMS), progression du travail de nuit, cancers, pollutions… La rage perce : pour les perturbateurs endocriniens et les pesticides, l’alerte date de soixante ans maintenant. Montrant les mensonges et les dissimulations de rapports officiels, l’auteur se soucie des « beaux outils à réparer » : inspection du travail, médecine du travail, comités hygiène sécurité et conditions de travail (CHSCT) et, bien sûr la Sécurité sociale.
Après les accidents industriels d’AZF (Toulouse) et de Lubrizol (Rouen), l’auteur présente les possibilités et les nécessités d’un combat commun entre organisations syndicales et associations de riverains. Il indique les scandales qui pourraient bien éclater à cause des effets des radiations ionisantes cachées aux victimes.

“Santé au travail et luttes de classe, vécu et analyse d’un ouvrier syndicaliste”, éd. Syllepse, 12 €.

L’auteur

Philippe Saunier a été embauché comme ouvrier en 1977 dans une raffinerie de pétrole en régime de posté à feu continu. Il y fera toute sa carrière.
Il a reçu en 1982 son premier mandat, de ce qui s’appelait alors le Comité hygiène sécurité (CHS). Il a été longtemps l’un des responsables CGT de la zone industrielle du Havre, ainsi que du département, ce qui lui a permis d’accumuler de l’expérience sur les questions de santé au travail dans d’autres professions que la sienne.
Sous l’étiquette de son syndicat, il détiendra vingt-cinq ans un mandat à la Sécurité sociale sur la prévention et au ministère de l’environnement sur les risques industriels.
Il participe aussi à la vie associative pour la défense des victimes de l’amiante et au sein de l’association Henri Pézerat, Santé, Travail, Environnement. Il est toujours l’un des animateurs d’un collectif sur la santé au travail qui englobe les risques industriels et l’environnement.
C’est à partir du vécu du terrain qu’il tire ses analyses. C’est l’originalité de ce livre, une sorte de preuve par neuf de l’existence de cette lutte de classe qui touche les conditions de travail, comme le reste.
Il est également co-auteur avec Rémy Jean de “AZF/Total, responsable et coupable : histoires d’un combat collectif”, Paris, Syllepse, 2018.

Le livre, plus en détail

Voici un livre qui, pour une fois, n’est pas écrit par un expert qui examine la vie des autres. Il est le fruit de 40 ans de militantisme dans une raffinerie de pétrole et interprofessionnel. Il est émaillé d’une cinquantaine d’exemples concrets.
L’objectif de l’auteur est de neutraliser des idées reçues qui concernent l’évolution de la santé au travail. Comme le fait qu’il y aurait des avancées automatiques du fait des progrès des connaissances et des sciences et techniques ou que nous serions « Tous sur le même bateau”, la sécurité étant l’affaire de tous, sans oppositions d’intérêts.
Dans cet ouvrage, l’auteur montre que certaines données sont faussées sur le nombre des accidents du travail et les maladies professionnelles, ainsi que sur leurs causes.
Des aspects sont approfondis, notamment l’invisibilité des dégâts humains, la précarité les causes des problèmes de santé comme les cancers. Sont aussi traités la souffrance au travail, la pénibilité, le travail de nuit, en poste isolé, le télétravail, la crise sanitaire, la mesure des expositions, les addictions, la mondialisation.
Différents organismes de contrôle, inspection du travail, médecine du travail, rôle de la sécu, etc. sont mis en revue.
Un chapitre concerne les risques industriels et environnementaux, abusivement séparés des risques du travail. Les similitudes entre Lubrizol et AZF sont aussi analysées.
Et cela dans un contexte de luttes.

Coups de tracteur #19

Littérature

Un style fort et tranchant. Un livre qui ne laisse pas de marbre. Constance Debré choque. Elle pulvérise tout sur son passage et elle, la première.

“Nom” de Constance Debré, éd. J’ai lu, 7€

En préambule du livre, Marie Rebour écrit “En tant que victime, j’ai longtemps cherché un texte sur les véritables conséquences de l’inceste. Je n’ai pas trouvé ce livre, alors je l’ai écrit”.

Dans ce roman, tour à tour, la narratrice parle de Marie et son bouclier prend la parole. Ce pas de côté permet d’appréhender les mécanismes de défense mis en place par les victimes d’inceste.

Une véritable trouvaille littéraire qui en fait un livre fort et éclairant. Une réussite.

“Le bouclier de Marie” de Marie Rebour, éd. Philippe Rey, 189 p., 18€

Attention, c’est trash et cru. Âmes sensibles s’abstenir. En effet, sous ce long titre se trouve un texte marquant, qui nous emporte loin dans les entrailles du personnage. Toujours à la limite du supportable par les sujets traités, l’écriture évolue vers la poésie et l’apaisement.
Ce livre est un cri du cœur, une blessure, une abrasion et, au-delà du choc lors de la lecture, il révèle une grande écrivaine.
Un roman à lire avec l’accent québécois pour adoucir sa violence.

“Y avait-il des limites si oui je les ai franchies mais c’était par amour ok” de Michelle Lapierre-Dallaire, éd. du Nouvel Attila, 17€

Fantômes, revenant.es, sorcières, adolescent.es rebelles, fantasmes morbides : entre horreur et poésie, ces textes comme des (mauvais) rêves captivent par des thèmes et des ambiances singulières. Un recueil de nouvelles qui se dévore comme un roman et laisse derrière lui un goût bien étrange…

“Les Dangers de fumer au lit” de Mariana Enriquez, éd. du Sous-Sol, 21

BD

À partir d’une photographie prise durant le conflit et retrouvée en 1961 par le mari de Léo, Mayana Itoïz évoque le destin contrarié de sa propre grand-mère, dans un magnifique récit porté par un graphisme pictural subtil et une narration tout en légèreté.

Une BD subtile et touchante.

“Léo en petits morceaux”de Mayana Itoïz, éd. Dargaud, 178 p. , 27€

Chouette, une nouvelle BD de Florence Dupré La Tour ! Si vous avez aimé “Pucelle”, vous ne serez pas déçu.e.s par ce nouvel opus. L’artiste y replonge dans son enfance, avec ses singularités liées à la gémellité. Tout en restant dans l’autodérision, une tension monte tout au long de l’ouvrage. C’est drôle et acide. C’est du Florence Dupré La Tour, quoi !

“Jumelle” de Florence Dupré La Tour, éd. Dargaud, 20,50€

Dans ce roman graphique l’autrice retrace l’histoire de sa sexualité. Une histoire marquée par la violence malheureusement trop banale des agressions, comme par celle des clichés et des injonctions liés à une culture de la performance et de l’hétéronormativité.
Les dessins doux et raffinés de Julie Delporte nous plongent dans les méandres de ses réflexions et ressentis. C’est beau et doux, malgré tout.

“Corps vivante” de Julie Delporte, éd. Pow Pow, 27€

BD jeunesse

Un mal étrange s’empare des habitantes et habitants du village d’En-Haut, qui ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes. Mycène, jeune herboriste, va devoir y remédier et pour cela collaborer avec son ennemi de toujours…

Cette BD est une quête peuplée de personnages drôles et originaux, illustrée par des dessins frais et enchanteurs.

A partir de 9 ans

“Le temps des ombres” de David Furtaen et Pauline Pernette, éd. de la Gouttière, 15,70€

Littérature jeunesse

Otto est un oiseau désespéré : il a raté la Grande Migration ! Il se retrouve bloqué en ville pendant l’hiver alors qu’il devrait être avec ses compagnon.nes en train de se dorer la pilule au soleil. Pour couronner le tout, il se fait voler sa clarinette à laquelle il tient tant ! Tout va mal, jusqu’à ce qu’un étrange guide lui tombe entre les mains et lui fait découvrir l’hiver comme il ne l’avait jamais vu.
Un roman d’enquête qui donne envie de profiter des petits plaisirs de la vie !

A partir de 9 ans

“Que fait-on quand il pleut?” de Ralph Doumit, éd. Hélium, 14,90€

Voici deux coups de cœur de Chloé !
Le crépuscule des Urmes est une quête fantastique haletante située dans le Pays de Galles qui emprunte à la tradition tzigane. Tout au long du livre, de nombreuses thématiques seront explorées : tolérance, lien avec la nature, destinée… Le lecteur se plongera avec délice dans un contexte peu exploré habituellement dans le roman fantastique.

“Le crépuscule des Urmes” d’Arnaud Druelle, t1, éd. Gulfstream, 341 p., 17,50€

Dans Le dernier lion d’albâtre, le lecteur est entraîné dans une épopée mythologique, peuplée d’héroïnes attachantes et inspirantes.
Foncez vers ces aventures mêlant histoires d’amour queer et féminisme !

“Le dernier lion d’albâtre” de Dana Chalys, éd. Gulf Stream, 528 p., 21€

Albums jeunesse

Accompagné de dessins somptueux, le lecteur se laisse bercer par cette histoire drôle et décalée.

Un petit bijou d’humour qui plaira aussi aux grands !

A partir de 4 ans

“Le monstre du lac” de Leo TImmers, éd. Cambourakis, 15€

Avouez-le, vous avez toujours rêvé de savoir ce qu’il y a vraiment à l’intérieur d’un volcan, d’une prise électrique ou d’un caillou.
C’est chose faite avec cet album malicieux et réjouissant ! Et vous saurez pourquoi, il ne faut pas laisser d’appareils branchés la nuit.

A partir de 6 ans

“A l’intérieur” de Jean-Baptiste Drouot, éd. Little Urban, 15,90€