Rencontre croisée entre deux auteur.es

Attention attention, le jeudi 11 mai ce n’est pas un.e mais bien deux écrivain.es qui monteront à bord du Tracteur Savant ! Millie Duyé et Cédric Le Penven se prêteront au jeu d’une rencontre croisée pour nous parler de leurs deux textes qui bousculent les frontières du roman et de la poésie.

Rendez-vous à la librairie pour boire leurs paroles ainsi qu’un petit apéritif.

Cabane

C’est l’histoire d’une petite fille animale et sauvage, plus sanglier que biche, qui n’arrive plus à grandir. Écartée entre deux parents, entre deux maisons, elle construit des cabanes pour survivre à un monde où l’amour n’est ni infaillible ni éternel. La cabane grandit, ses désirs et ses tourments aussi. L’essentiel est qu’elle offre suffisamment d’espace pour accueillir ses tribus, suffisamment d’assurance pour s’y accrocher dans les tempêtes affectives, lorsqu’elle dérive comme un radeau.

Selon Glwadys Marivat, du Monde des Livres, “dans ce fulgurant premier roman, la cabane, c’est le corps, l’imagination et la littérature tout à la fois”.

« Cabane », éditions du Nouvel Attila, 17€

Comédienne depuis dix ans au sein de la compagnie de théâtre Les Entichés, elle en est désormais une des deux directrices artistiques. En 2017, elle écrit et met en scène la pièce Le Renard envieux qui me ronge le ventre qui interroge nos rapports de genre. En 2019 vient Échos ruraux qui met en lumière la politique nationale vis-à-vis des communes rurales à travers le portrait d’une commune du Cher. En 2023, Les Entichés mène une réflexion sur le système scolaire avec la pièce Qu’il fait beau cela vous suffit. Cabane, paru au Nouvel Attila en mars 2022 est son premier roman.

Le journal de Diogène

Ce Journal de Diogène est une réécriture de la vie de Diogène Laërce le cynique, figure de l’antiquité qui vivait dans une jarre en marge de la société au IIIe siècle avec pour seule compagnie sa chienne Arga. Le Diogène de Cédric Le Penven est un clochard philosophe qui vit près d’un centre commercial en bordure d’autoroute. Dans ce monde de parkings, Diogène crache sa détestation de ceux qu’il appelle en dépit de tout ses « frères humains » et dénonce les travers de leur mode de vie. Or, Diogène n’est-il pas un humain? Peut-on regarder l’humanité de haut ? Des rencontres impromptues vont l’ouvrir à la tendresse et lui montrer qu’il « a tort ». Un texte rempli de voracité et de dévoration, un peu cru, un peu fou… et un peu drôle aussi (mais d’un rire qui grince).

« Le Journal de Diogène », éditions Unes, 18€
illustré par Thibaud Bernard-Helis

Si vous suivez nos coups de tracteur, vous connaissez sûrement Cédric Le Penven, spécialiste de l’œuvre de Thierry Metz et « un des plus grands poètes français » selon les mots de Joseph Ponthus ! Si ses deux dernières publications, Verger (2019) et Un Sol trop fertile (2021) avaient à voir avec les arbres, Le Journal de Diogène paru en octobre 2022 amène les lecteurices en bord d’autoroute.

Dédicace de Nathalie Rouanet

Nous avons le grand plaisir d’accueillir Nathalie Rouanet en dédicace pour son livre “Rouge indien”, paru aux éditions Perspective Cavalière. La séance aura lieu devant la librairie, dimanche 7 mai de 10h30 à 12h30.

Rouge indien

Qui était Amrita Sher-Gil, cette femme au destin fulgurant née en Hongrie et morte en Inde, qui portait colliers de perles et manteaux de fourrure dans le Paris des années vingt et qui a peint la vie humble et aride des habitants de Shimla dans une œuvre aujourd’hui considérée comme majeure ?
Dans Rouge indien, Nathalie Rouanet retrace la brève vie d’Amrita Sher-Gil à la manière d’un scénario : son enfance en Hongrie puis en Inde, ses années de formation à Paris, nourries de rencontres illustres au parfum de scandale, et sa fin tragique alors qu’elle n’avait que vingt-huit ans. Par sa création et son mode de vie, cette artiste exigeante, à la sexualité exaltée, a posé les bases de la peinture moderne et de l’émancipation féminine en Inde.

Nathalie Rouanet

Née en France, Nathalie Rouanet vit à Vienne. Elle est traductrice en allemand de Nina Bouraoui, d’Hélène de Monferrand et de Jean-Claude Carrière, et en français de nombreux essais, catalogues d’art, scénarios et sous-titrages. Elle publie régulièrement dans des revues littéraires et se produit sur les scènes de slam et de spoken word sous le nom de Ann Air.
En 2006, elle découvre Amrita Sher-Gil au Musée d’art moderne de Delhi. Le choc esthétique s’accompagne d’une foule d’interrogations sur la vie et sur l’œuvre de cette femme méconnue en Europe. Quinze ans durant, elle réunit les éléments d’une biographie, en consultant notamment ses albums de famille, sa correspondance et son journal. Rouge indien, son premier roman français, redonne vie dans sa flamboyance autant que dans sa vulnérabilité à cette grande artiste parfois présentée comme la Frida Kahlo indienne.

Extraits de “Rouge indien”

Une après-midi de juillet 1948, dans une villa cossue des coteaux de Shimla, une Hongroise du nom de Marie Antoinette Gottesmann-Baktay se suicide avec le pistolet de son mari, un Indien sikh. Dans un film, cet événement tragique n’aurait lieu qu’à la fin. Et nous n’apprendrions les détails que petit à petit, comme moi qui ai fait de longues recherches et reconstitué les fragments de l’intrigue image par image, lettre par lettre, bribe par bribe. Au début, il n’y aurait aucun marqueur de temps ni de lieu. Juste :
EXTÉRIEUR. JOUR.

On entendrait une mélodie de piano, Saint-Saëns ou Gabriel Fauré. Et le doux clapotis d’une pluie de mousson. Un plan large sur une villa à flanc de montagne, tandis qu’apparaîtrait un intertitre :
Sois heureux un instant.
Cet instant, c’est ta vie.
Omar KhayyÂm

(p .9)

Pendant un lent travelling à travers la fenêtre, une musique monte lentement, d’abord c’est juste la mélodie d’un oud et le murmure du musicien. Puis une darbouka commence à marquer le rythme qui s’accélère peu à peu. On voit les collines du sud de Budapest, le Danube. La caméra glisse le long du fleuve. Et tandis qu’on distingue toujours les rires des fillettes, fondu enchaîné sur un paysage fluvial du nord de l’Inde : des lavandières dans des saris couleur corail. Gros plan sur un beau visage de femme portant de grandes boucles d’oreilles et un bindi rouge au front. La soie pourpre qui l’enveloppe scintille dans la lumière du soir. C’est alors que le père dit d’une voix songeuse :

– Oui, c’est ça, en Inde… tout est rouge !
FIN DU PLAN-SEQUENCE

(p.26)

Amrita est au chevalet. Elle porte un ample tablier de peintre noir et des bracelets de perles qui cliquettent à chacun de ses gestes. Ses cheveux sont sommairement attachés en chignon. Le soleil du matin éclaire le fauteuil Récamier couvert d’un drap blanc, où est allongée une jeune fille appuyée sur les coudes, un livre entre les mains, nue sous une étoffe de soie où l’on devine un dragon brodé.

– Écoute ça, Amrita, on croirait qu’il l’a écrit pour toi :

Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair…
(p.77)

Dédicace d’Olivier Thiébaut

Le monde d’Olivier Thiébaut est empli de rêverie et de poésie. Au détour des objets qu’il collecte, il crée des boîtes qui sont comme des mondes s’ouvrant à nous.
Il nous fait le plaisir de venir en dédicace samedi 22 avril à partir de 14h30. A cette occasion, des œuvres originales de l’artiste seront exposées dans la vitrine et la librairie. Une occasion de voir de près ce monde minutieux et fabuleux.

L’artiste Olivier Thiébaut

« Depuis une trentaine d’années, je cultive d’une certaine manière l’art de remettre en scène les objets obsolètes ainsi que les vieux papiers. Dans mon atelier, je construis des sortes de réserves pour objets perdus ou en voie de perdition que j’appelle boîtes. Ces constructions sont aménagées comme certains reliquaires, avec une vitrine et un cadre. Ma principale activité est de mettre en lumière, en atmosphère, les choses que je vais installer et coller à l’intérieur de ces boîtes. On peut considérer que c’est un vraie forme d’exposition et de mise en valeur où l’objet peut devenir intelligent et entier. Après réflexion je referme avec la vitre, comme le réceptacle d’un temps bien précis où l’on veut montrer les choses, une idée, une impression, un sentiment, un souvenir.. Dans ce travail, je me place là en chercheur de sens à la vie, en chercheur de poésie, en chercheur de vérité dans l’observation de la nature qui m’entoure.

Le charme de la mise en boîte est toujours un secret pour moi, car je porte encore aux poussières et aux vieilles plumes un intérêt d’archéologue, avec cela je peux inventer des mondes, des espèces d’espaces qui enseignent le pouvoir de la poésie sur les choses humaines. » O. Thiébaut

Ses œuvres

Conférence sur les momies

Les momies vous fascinent depuis toujours ? Vous souhaitez échapper au pourrissement ?
Alors, venez rencontrer Patrice Georges-Zimmermann ! Cet archéo-anthropologue vous fascinera, c’est certain ! Commissaire scientifique de l’exposition “Momies” visible actuellement au Muséum de Toulouse, il nous présentera l’ouvrage édité en cette occasion et répondra à vos questions.
Rendez-vous Salle des Congrès de la mairie le vendredi 28 avril à 19h.

Patrice-Georges-Zimmermann

Patrice Georges-Zimmermann est ingénieur chargé de recherches, archéo-anthropologue, responsable d’opérations d’archéologie préventive à l’Inrap et membre de l’UMR 5608 du CNRS. Il est également membre de la Cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes (Cisap). Impliqué dans les problématiques d’archéologie forensique (application des méthodes de l’archéologie dans des contextes criminels de recherche et de découverte de corps enfouis illégalement) depuis des années, il intervient régulièrement en tant qu’expert judiciaire près la cour d’appel de Toulouse au profit de la Gendarmerie nationale. Il est également engagé dans un programme de formation et de recherche auprès de la Fouille Opérationnelle Spécialisée du 17ème Régiment du Génie Parachutiste (FOS17).

Momies

Temps suspendus, temps éternels, temps corrupteurs ou préservateurs…
La course du temps et le désir de la ralentir s’inscrivent en filigrane de l’exposition « Momies, corps préservés, corps éternels » du Muséum de Toulouse et de cet ouvrage de la collection ExpoVerso. Qu’il s’agisse de momies artificielles, témoins de rites funéraires anciens, de momies naturellement formées dans des contextes environnementaux particuliers, ou de momies utilisant des techniques contemporaines, elles interrogent toutes notre rapport à la mort, à la conservation des corps et notre désir universel d’éternité.
Cette exposition offre une belle occasion d’explorer les croyances, pratiques symboliques et techniques bien au-delà de l’Égypte antique, à travers de nombreuses disciplines : archéologie, thanatopraxie, médecine légale, ethnologie, biologie… au sein d’un vaste spectre de cultures du monde.