Coups de tracteur #16

Littérature

Colin Niel quitte ici le registre du polar pour nous plonger au cœur de l’Amazonie et de ses habitants. Dans une ambiance oppressante, on va suivre Darwyne, jeune garçon étonnant qui vit dans un bidonville en Guyane. Darwyne est fasciné par sa mère et par la jungle. Si sa mère se détourne de lui, la nature, elle, semble l’écouter…

Magistral !

Colin Niel “Darwyne”, éd. du Rouergue, 21,50€

=> Colin Niel vient nous rencontrer le jeudi 27/10 à 18h30 !

Joyce Maynard balaie toute une vie des années 70 à nos jours avec ce roman. Eleanor fait tout pour rendre les gens de sa famille heureux et pourtant…
A travers ce destin, c’est aussi la société et son évolution qui sont évoqués. Et l’autrice interroge : encore aujourd’hui, quels sont les sacrifices qu’une femme peut faire pour l’amour des siens ?

Joyce Maynard “Où vivaient les gens heureux”, éd. 10/18, 9,60€

Dans une langue fluide et poétique, Adèle Rosenfeld raconte le quotidien de Louise, malentendante. Ni tout à fait sourde, ni tout à fait entendante, elle s’est construite avec ce handicap, en jouant avec lui pour le cacher. Son audition baisse drastiquement. Elle se raccroche aux sons, aux souvenirs, aux manières de les laisser s’ancrer en elle. Le choix de l’opération la doterait d’une audition synthétique.

Un premier roman émouvant tout en nuances, qui fait prendre conscience du monde des sourds et malentendants.

Adèle Rosenfeld “Les méduses n’ont pas d’oreilles”, ed. Grasset, 19€

Impossible de ne pas se laisser porter par la voix d’Ursa, qui tous les soirs chante du blues dans un café du Kentucky. Ce texte brutal est parcouru de nombreux thèmes tels que les violences de genre, l’esclavage, la transmission familiale des récits des femmes mais aussi le désir, l’émancipation et la révolte. Ce roman riche, dont l’écriture est à couper le souffle, a été publié en 1975 aux États-Unis et c’est la première fois qu’il est publié en France grâce aux éditions Dalva.

Gayl Jones “Corregidora”, éd. Dalva, 21€

Polars

Voici un polar qui va vous happer : les personnages attachants, le style haletant imprègnent une intrigue qui tient en haleine jusqu’au bout…

Résumé de l’éditeur :
Un jeune garçon, Joey, se noie dans dans un lac du nord de l’État de New York, Black’s Creek. Tommy, 14 ans, et ses deux amis ont assisté à la noyade. Tommy a même essayé de sauver son copain, en vain. Les trois jeunes sont sûrs de savoir qui l’a poussé à se suicider : pour eux c’est Norman Amstrong, « l’anormal ». Mais il n’y a pas suffisamment de preuves et les enfants décident de prendre eux-mêmes les choses en main.

Sam Millar “Black’s creek”, éd. Le beau jardin, 19€

Un polar qui ravira les amateurs de littérature asiatique. Une intrigue subtile qui prend le temps d’explorer la société japonaise et ses personnages. Un vrai dépaysement !

Résumé de l’éditeur :
Aoyagi Takeaki, un homme d’une cinquantaine d’années, est assassiné au pied de la statue du dragon ailé qui orne le pont de Nihonbashi, à Tokyo. Une enquête apparemment simple pour l’enquêteur Kaga, fraîchement arrivé au commissariat d’un quartier d’affaires prospère de la capitale. Mais les apparences sont parfois trompeuses…

Keigo Higashino “Les sept divinités du bonheur”, éd. Actes Sud, 23,50€

Poésie

Un très gros coup de tracteur pour ce recueil de poésie qui tour à tour éprouve et caresse le corps des lecteur.ices ! La poétesse écrit, avec une grande puissance, “le livre / d’une mémoire impossible” : celui des travailleuses des champs, celui de ces femmes aux désirs tus, celui aussi de sa propre mère. En traversant les espaces domestiques, Marie-Hélène Voyer guide lea lecteur.ice au travers de nombreux fils mêlés tels que l’ennui, la liberté, la violence, la force.

Marie-Hélène Voyer “Mouron des champs”, éd. La Peuplade, 18€

je pense souvent à vous
à moi dans la continuité de vous
au curieux maillage de nos voix
dans l’écho de vous
p.35

tu disais nous sommes nées pour être effacées femmes
fades et navrantes secouées d’étranges tristesses nous
buvons l’eau brouillée des bêtes nous avalons leurs
gales comme on embrasse les hosties

p. 117

Romans ados

Ce roman vous entraînera dès les premières pages. Sa fascination fonctionne aussi très bien auprès des adultes (on a testé !).

C’est un gros roman d’aventure, d’amitié, de camaraderie, d’émancipation, de culte de la différence.
La fille du phare est extrêmement attachante. Elle est fragile et courageuse et nous tremblons, aimons, luttons avec elle.

Un roman très bien écrit (et traduit) qu’on n’oublie pas de sitôt.

A partir de 11 ans

Annet Schaap “La fille du phare”, éd. L’école des loisirs, 17€

Une ambiance mystérieuse et envoûtante baigne cette histoire très originale.

Lauris vit à Grand-Passage, au bord de l’autoroute où sa mère travaille. Depuis l’enfance, il perçoit des phénomènes étranges dont il n’ose parler : il voit des animaux morts s’animer près de lui, notamment un grand cerf. Un beau jour, c’est le fantôme de son grand-père qui vient lui parler…

On s’est laissées subjuguer par cette histoire. Encore un roman à lire même en étant adulte !

A partir de 14 ans

Stéphanie Leclerc “Grand passage”, éd. Syros, 16,95€

résumé de l’éditeur :
Un road-trip forcé avec un surfeur raté, ce n’est pas l’été glorieux que Prudence, aspirante photographe, avait prévu. Mais fuyant un concours raté, un amoureux qui l’évite, et une sœur qui voudrait faire d’elle à vie une baby-sitter à bambins baveux, l’hypersensible Prudence attrape le premier prétexte venu pour tout larguer et se retrouver… coincée dans un van avec un daron aux pecs impeccables nommé Denis qui tient à ce qu’on l’appelle Dylan. Il fait du surf, il pense surf, il respire surf. Prudence, elle, ne pense qu’à ses amours, ses espoirs malmenés, ses amies éloignées. Va-t-elle survivre trois mois à photographier Denis-Dylan ?

Un roman rafraîchissant, coup de cœur de Chloé, apprentie conductrice !

A partir de 15 ans

Marie-Lenne Fouquet “Bleue comme l’été”, éd. Sarbacane, 17€

BD

Quelle merveille de BD !

Après le divorce de ses parents, la jeune renarde Yeowoo part vivre chez un grand-père peu avenant. De son côté, Paulette, une poule jardinière, est rejetée par les siennes. Grâce aux liens qu’elles vont tisser, Yeowoo mûrit, grandit et commence à apprécier la vie à la campagne, la vie tout simplement.

Un album sensible et délicat, aux dessins somptueux.

Le prix, non négligeable, est justifié par des heures de lecture et de détails à observer.

Tout public à partir de 11 ans

Yunbo “Seizième printemps”, éd. Delcourt, 26,50€

Rosie est une adolescente en déroute. Elle est seule, elle s’ennuie, elle se cherche. Elle est triste aussi parfois.

Une chronique douce-amère sur l’adolescence, ses affres, ses recherches, qui construit un portrait nostalgique par petites touches.
Les dessins aux accents parfois expressionnistes de Pierre Bailly sont un régal pour les yeux.

A partir de 16 ans

Fraipont & Bailly, “Le muret”, éd. Casterman (Op roman graphique), 10€

A partir de témoignages sur la maladie mentale, Lisa Mandel dédramatise des situations que l’on pourrait imaginer terribles.

C’est drôle, étonnant, triste parfois, mais finalement réconfortant.

BD adulte

Lisa Mandel “Se rétablir”, éd. Exemplaire, 20€

Albums jeunesse

Un album cartonné pour les tout-petits, avec des couleurs éblouissantes, qui parle de l’orage avec poésie.

Anaïs Brunet “Orage”, éd. Didier Jeunesse, 12,50€

Parce qu’il a traité sa voisine de grosse dindon, Léon est puni dans sa chambre et il s’ennuie ferme. Cet album aux dialogues plein d’humour nous fait plonger avec lui dans la pagaille colorée de cet ennui qui prend vite la tournure d’une espièglerie !

“Léon s’ennuie” de Violette Vaïsse, éd. L’Agrume, 14€

Avec ses illustrations pleines de détails et de vie, cet album donne envie de savourer chaque page. Ajoutez-y deux ours, une petite maison et un gâteau qui fait rétrécir, et zou, vous serez embarqués dans l’univers de cette histoire qui revisite avec talent les contes, dont celui d’Alice au pays des merveilles…

A partir de 5 ans

M. Escoffier et C. Perrin “La toute petite maison”, éd. Kaléidoscope, 14,50€

L’amitié est aussi un chemin pour s’épanouir. C’est ce que découvre l’ours transparent de Cécile Metzger.

Les couleurs tendres et les dessins magnifiques enveloppent l’album d’un halo de douceur.

Cécile Metzger “L’ours transparent”, éd. Obriart, 18€

Un album drôle aux couleurs pétaradantes, ou comment une petite fille raconte son périple sur la planète Gluk avec des habitants pas si extraordinaires que cela. Mais a-t-elle vraiment bien interprété tout ce que le lecteur aperçoit au fil des pages ? Pas si sûr…

M. Escoffier et R. Garrigue “Extra”, Ed. L’école des loisirs, 12€

Exceptionnel, rencontre avec Benoît Philippon

Jeudi 6 octobre à 18h30 à la librairie

Benoît Philippon nous avait ému et fait rire avec Berthe, l’héroïne féministe de “Mamie Luger” qui, à 102 ans, ne s’en laissait pas compter par le premier commissaire venu. Autant dire qu’on piaffait d’impatience de lire “Petiote” ! Pari réussi, dans ce troisième polar où l’auteur réaffirme son talent en nous immergeant dans une aventure où les paumés ont une place cruciale et attendrissante. Un coup de tracteur ! Et quelle joie, Benoît Philippon a accepté notre invitation. Réservez vite la date du 6 octobre !

En bonus, nous vous proposons un petit jeu : habillez-vous avec une belle blouse de mamie pour la rencontre. Parmi les participant.e.s, un tirage au sort permettra de gagner un livre “Petiote”. Allez, zou, à vos armoires…

Petiote ou l’histoire d’un loser qui n’a plus rien à perdre

Pour récupérer la garde de sa fille, Gus, un père au bout du rouleau, se lance dans une prise d’otages dans l’hôtel de naufragés où il vit. Sa revendication ? Un Boeing pour fuir au Venezuela avec Émilie, sa petiote.

Pour ce plan foireux, Gus s’allie à Cerise, une prostituée à perruque mauve. À eux deux, ils séquestrent les habitants déglingués et folkloriques de cet hôtel miteux : George, le tenancier, Boudu, un SDF sauvé des eaux, Fatou, une migrante enceinte, Gwen et Dany, un couple illégitime enregistré incognito, Hubert, un livreur Uber jamaïcain, mais aussi Sergueï, un marchand d’armes serbe. Et bien sûr, Émilie, son ado rebelle de quatorze ans.

La capitaine de police Mia Balcerzak est la négociatrice de cette cellule de crise. Crise familiale, crise de la quarantaine, crise sociale, crises de nerfs… quoi qu’il arrive, crise explosive !

“Petiote” de Benoît Philippon, éd. Les Arènes, 19,90€

Benoît Philippon

Né en 1976, Benoît Philippon est un écrivain, réalisateur et scénariste.

Bennoît Philippon a grandi en Côte d’Ivoire, aux Antilles, puis entre la France et le Canada. Scénariste puis réalisateur pour le cinéma, en 2016, il écrit son premier roman “Cabossé” (Série Noire, Gallimard). En 2018, il publie aux éditions Les Arènes “Mamie Luger”, suivi de “Joueuse” en 2020. Avec “Petiote” il confirme son talent d’auteur de romans noirs et déjantés.

Parmi ses livres

Les éditions Les Arènes

https://arenes.fr/

“Le temps de dire”, rencontre à La Caverne

Mercredi 28 septembre à 18h

Avec nos amis de La Caverne, nous avons le plaisir d’accueillir les conteurs Eva Hahn, Claudio Le Vagabond, Céline Verdier et Marco Bénard pour la parution du recueil “Le temps de dire”, publié par la maison d’éditions tarnaise Edite-moi. La rencontre aura lieu à La Caverne mercredi 28 septembre à 18h, sur réservation uniquement.

Le temps de dire

Il était une fois, depuis 2012, des artistes du collectif RaconTarn qui écoutent et racontent les récits des Tarnaises et des Tarnais, sillonnant sentiers, routes, villes et villages, quartiers et hameaux, au cours d’un événement annuel intitulé « Le Temps de Dire »… Ces vies que d’aucuns osent qualifier d’anecdotiques ou de banales, les conteuses et conteurs des chemins les trouvent touchantes, riches, extraordinaires. Dignes d’être racontées.

Après un premier ouvrage paru en 2019, ici, six artistes ont couché sur le papier les mots de leurs rencontres les plus marquantes avec des hommes et des femmes originaires du Tarn ou d’un lointain ailleurs, habitant là depuis longtemps ou depuis peu : Marco Bénard, Eva Hahn, Jean-Michel Hernandez, Claude Mamier (Claudio le Vagabond), Oliviero Vendraminetto et Céline Verdier.

Les histoires réunies dans ce livre ont été recueillies à Albi, Gaillac, Rabastens, Couffouleux et Montredon-Labessonnié.

5 fascicules format A5 dans un beau coffret magnifiquement illustré par Carole Aït Aïssa : Les anges domestiques, Se retrousser les manches, La roue qui tourne, Bestiaire familier, A fleur de peau.
Editions Edite-moi, le fascicule 5€, le coffret 30€.

Qu’est-ce que La Caverne ?

Située sur la commune de Penne du Tarn, en bordure d’Aveyron et à un kilomètre du château de Bruniquel, La Caverne à Penne est un haut lieu de l’aventure humaine.
Connue sous le nom de Grotte de Courbet, cette cavité naturelle a conservé la trace de nos ancêtres magdaléniens.

​La Caverne est à présent un lieu dédié à la fête et à l’esprit de création. Sa nature ne lui permet pas de s’ouvrir au grand public, mais l’autorise à recevoir des invités pour des moments privilégiés à l’occasion de diverses manifestations artistiques.

https://lacaverne.wixsite.com/lacaverne/galerie-photo-1

Les modalités pratiques

Le nombre de places est strictement limité et la rencontre se fait uniquement sur réservation au mail suivant : letracteursavant@gmail.com

Se rendre à La Caverne :

La Caverne se situe route de la Madeleine, sur la commune de Penne. Pour vous y rendre, prendre la direction de Bruniquel, ne pas entrer dans le village mais franchir le pont (vous traversez donc l’Aveyron). Tout de suite après le pont, suivre la route sur la droite. Continuer sur 800 mètres, La Caverne sera sur votre gauche (et l’Aveyron sur votre droite). C’est clair ? N’oubliez pas votre petite laine, La Caverne n’est chauffée que par la chaleur humaine, ce qui est déjà beaucoup mais pas toujours suffisant…

Le stationnement est limité, nous vous conseillons de co-voiturer et de vous garer bien en amont de La Caverne.